L'arbre et l'oiseau
Ce petit poème est dédié à mes parents adorés
L'arbre et l'oiseau
L'oiseau étire ses ailes, en ce frais matin de printemps, se laissant porter par le coussin du vent.
Il perçoit un murmure triste, une plainte douce, l'appel d'une source.
L'oiseau agite ses ailes et se dirige vers ce bruit venu d'un autre langage.
Alors, il voit un arbre, agitant, tremblotant, les feuilles étincelantes de sa raison de vivre.
L'oiseau penche la tête, écoute en comprenant la source de la plainte et, tout en descendant, effleure doucement la branche, la caresse de ses pattes et s'y accote, aile contre feuille, dans la chaleur de l'union d'un parfait accueil.
" Quelle est cette plainte que je sens en ton coeur? "
- Cher oiseau, cher écho de la vie ailleurs, je pleure certains soirs de ne pouvoir te rejoindre. M'élever à tes côtés, si haut dans le ciel, si libre de mon corps, si libre dans mon coeur et découvrir le monde comme toi seul peux le faire. Je brûle certains soirs de ne pouvoir m'envoler et vivre, libre, de tout mouvement, de toute danse, de tout espace.
L'oiseau hoche la tête et d'un geste tendre caresse de ses plumes les feuilles vertes qui l'entourent.
" Cher ami, cher écho de mon coeur enfoui. Que ne peux-tu te réjouir du bonheur que tu me procures? Tu es le havre de mon coeur. C'est en toi que j'ai ouvert les yeux pour la première fois, que j'ai respiré l'air pour la première fois, que j'ai grandi, piaffé, grandi encore, jusqu'à ce que ma raison de vivre ne me force à ouvrir mes ailes et à déployer ma vie.
La tienne est ainsi faite, la mienne l'est ainsi. Certains soirs, je pleure aussi les saisons que je n'ai pas connues, entouré de mes amis, de mes parents et mes enfants, ceux que j'ai chéris et que je ne retrouve plus, ou si peu. Parce que le vent m'entraîne toujours plus loin, toujours plus haut. Certains soirs, je brûle aussi de la sérénité qui ne m'a pas été donnée de voir, jour après jour, soir après soir, le bonheur d'une journée qui coule paisiblement, dans la quiétude et la saveur d'une famille entourée."
Et l'arbre, tout doucement, agite ses feuilles, effleurant tendrement le coeur de son ami.
" Oui, je t'ai vu naître et grandir et t'envoler un beau jour. Tu ouvres mes yeux sur tout l'univers. J'ouvre mes bras pour ouvrir ton coeur. Et tu viens te loger dans ma bonne chaleur, me laissant frémissant de tout le pétillement de tes contes d'aventures, des horizons où tu m'entraînes, des rêves que tu éveilles en mon coeur immobile. "
- Tu es celui qui me rassures, qui me protèges du froid et de la pluie, qui me console de ma peine et détends mon corps lorsque je suis épuisé. Tu es la force, la sécurité, les racines qui me relient à la Terre.
- Tu es le rêve, la liberté, l'immensité qui me relie au Ciel.
Et le vent, à ce moment, fait une petit tourbillon autour de l'arbre, chatouille ses racines et remonte en l'enlaçant, se dispersant dans ses branches, faisant danser ses feuilles.
Et l'arbre en ondulant et l'oiseau gazouillant chantent en choeur la symphonie de l'amour et de la liberté ainsi retrouvés.